Vice-champion pour la cinquième fois, Thierry Neuville va "faire la fête quand même"
Le Belge sacré vice-champion pour la cinquième fois, un record !
- Publié le 13-11-2019 à 10h35
Le Belge sacré vice-champion pour la cinquième fois, un record ! Le verdict est tombé. Au grand regret de tous les fans, le Rallye d’Australie, dernière manche du Mondial WRC, a été annulé. Une sage décision vu l’état d’urgence déclaré pour toute la semaine dans la Nouvelle Galles du Sud en raison d’une petite centaine d’incendies, la plupart incontrôlables, dévastant la région. Disputer un rallysprint de Coffs Harbour, sur moins de cent kilomètres, n’aurait rimé à rien. Et avec la moitié des points seulement attribués, cela n’aurait sans doute rien changé aux derniers verdicts.
De plus, il aurait été indécent de disputer une compétition sportive alors que des milliers de pompiers sont au feu, que des centaines de familles se retrouvent sans abris et que plusieurs personnes sont déjà décédées dans les flammes. Encouragés par la FIA et les pouvoirs locaux, les organisateurs australiens ont donc pris la décision s’imposant. Une annulation bien comprise par tous scellant le championnat et sacrant avec un peu d’avance Hyundai chez les constructeurs, Pierre-Yves Loubet comme champion WRC2 et notre Thierry Neuville comme vice-champion du monde !
À égalité jusque-là avec Mikko Hirvonen pour le nombre de deuxièmes places, le Belge détient désormais seul ce record. Vice en 2013 et ces quatre dernières années, le pilote de Saint-Vith est le nouveau champion sans couronne du WRC.
Certains n’hésiteront pas à le rebaptiser le Poulidor du rallye. Mais il mérite mieux que cette comparaison devenue péjorative. D’abord car le cycliste français n’a finalement terminé que trois fois deuxième du Tour de France qu’il n’a jamais remporté. Ensuite car, à 31 ans à peine, il peut encore s’améliorer et rêver de ce titre lui échappant depuis quelques années.
Même si cette saison n’a pas été la meilleure, avec quelques erreurs lui coûtant cher et surtout un gros crash lui valant un zéro pointé au Chili, ne boudons pas notre plaisir. Thierry et Nicolas ont remporté trois courses (Corse, Argentine et Espagne) et ont excellé en quelques autres occasions comme l’Angleterre ou le Monte-Carlo où ils ont simplement été battus par plus forts qu’eux.
Personne ne contestera que la Toyota est actuellement un rien supérieure à la i20 WRC, surtout lorsque l’adhérence est faible, lors des premières étapes quand il y a de la poussière et du balayage.
Malgré cela, nos représentants sont de nouveau les deuxièmes meilleurs au monde. Même s’ils visaient logiquement la première place, on ne doit pas être trop déçus ni critiques. Certes, Thierry Neuville méritait sans doute plus le titre que Hyundai en valeur pure. Cela n’a pas été le cas cette année. Partie remise. Avec cette fois le champion du monde à ses côtés, il n’aura plus d’excuse de matériel. D’autant que la piste Ogier-Toyota ne semble plus privilégiée et que les Yaris ne seront plus pilotées par un des trois meilleurs au monde depuis quelques années.
Autant de raisons de reporter tous nos espoirs sur 2020. Pour autant que Thierry garde son calme et ne se fasse pas allumer par son nouvel équipier estonien. Cette fois, c’est lui qui aura un léger avantage. Celui de mieux connaître la maison coréenne. À lui d’en profiter pour prendre les devants dès le début du championnat... Pour devenir l’Eddy Merckx du rallye !
Neuville : “La fête quand même”
Thierry Neuville n’a pas fait ce long voyage pour rien. Le Saint-Vithois a posé hier avec tous les membres de l’équipe pour la photo champions du monde: “Je tiens tout d’abord à exprimer ma solidarité envers les familles victimes des terribles incendies et les milliers de pompiers risquant leur vie pour en sauver d’autres, a indiqué notre compatriote. Annuler l’épreuve est clairement la bonne décision. On aurait préféré célébrer notre premier titre des constructeurs dans d’autres circonstances, mais, compte tenu de l’avance que nous possédions avant cette manche, on ne doit rien à personne. Même si je suis logiquement déçu de n’avoir pu briguer le titre des pilotes, je suis vraiment très heureux pour la consécration de toute mon équipe. On va faire la fête quand même. 2019 restera une bonne saison avec des hauts et des bas. On a encore appris et on reviendra encore plus forts l’an prochain. Bravo à Ott et bienvenue dans le team champion. J’ai déjà hâte d’être au départ du Monte-Carlo.”
Mais avant cela, il y aura le Rallye des Crêtes, le 24 novembre, pour le fun, avec sa petite Corsa.
Hyundai sacré : “Six ans d’efforts”
Thierry Neuville a néanmoins pu fêter un titre : celui de champion du monde des constructeurs d’une équipe Hyundai au sein de laquelle il a débuté en 2014. Avec 18 points d’avance sur Toyota, l’équipe coréenne n’avait plus grand-chose à craindre. L’annulation du dernier round a définitivement soulagé son nouveau patron Andrea Adamo : “Si je regrette bien sûr les circonstances dans lesquelles nous sommes couronnés, si je suis de tout cœur avec ces gens victimes d’une manière ou d’une autre des incendies, je suis heureux d’avoir mené cette mission à bien. Ce titre, nous l’attendions tous depuis six ans déjà et nous ne l’avons pas volé !”
Sur les 380 points récoltés par Hyundai, Neuville en a ramené plus de la moitié. Un soulagement, car un nouvel échec risquait, si ce n’est de compromettre l’engagement de Hyundai en WRC, du moins de limiter ses budgets. Ce ne sera pas le cas et Hyundai remettra son titre en jeu avec un quatuor de pilotes encore plus costaud grâce à l’arrivée d’Ott Tanak, une voiture plus évoluée et cette fois la claire ambition de ramener non pas un mais deux énormes trophées en fin de saison.